#02 – Miki Sikabwe

Après ses études de droit, Miki a passé un examen pour être avocat du barreau mais elle ne l’avait pas réussi malgré tout l’effort qu’elle j’y a consacré, l’assurance d’avoir bien préparé l’examen et l’espoir de l’avoir. Comme la plut part des congolaises et congolais, Miki se retrouve au chômage. Pour subvenir à ses besoins, Miki avait encore besoin de sa mère, elle qui est une fille plutôt indépendante dans son caractère. L’idée de dépendre financièrement de sa mère l’agaçait. Elle s’est promis que cela ne saurait durer. C’est comme cela que Miki se lance dans la création de mode pour se donner le d’indépendance dont elle avait besoin pour se sentir encore vivante et digne.

« Entreprendre au Congo quand on est femme implique force, persévérance et caractère » Miki

J’ai commencé avec une petite machine très mécanique donc pas facile de manipulation, mes premières productions sont des pièces toutes simples, des accessoires de mode comme boucle d’oreille, bracelets, collier travaillé avec du pagne. Les gens se sont intéressés mais pas assez, ils trouvaient que c’était cher, pour eux forcément une création fait localement, avec un bout de pagne ne devait pas avoir la valeur que je lui donnais. Ça n’a pas fait long feu, j’ai abandonné. Entreprendre au Congo quand on est femme implique la force, la persévérance, le caractère. Les gens pensent que tout ce qui est produit localement est mauvais, il n’y a pas la mentalité de consommer local, ce qui est importé est forcément meilleur dans l’imaginaire des gens. Les artisan ont un double défis celui de faire tourner leur business dans une société tournée vers l’extérieur et où les entrepreneuses et entrepreneurs ne sont pas soutenu.e.s.

Mais quelques personnes restaient intéressées quand même, revenaient pour acheter, je fouillais et liquidait le stock d’invendus. Et puis un jour la demande d’une cliente m’a interpellé, je me suis demandait pourquoi ai-je abandonnait, la Miki battante et indépendante m’a interpellé : « Depuis quand abandonnes-tu quand ça devient dur et compliqué » ? Et là je me suis repris en main, je me suis dit que je devais passer aux choses sérieuses. Je me suis mis sur Youtube, j’ai regardé des video pour m’inspirer sur comment faire des sacs, des vêtements, etc. Les jeunes s’intéressent à mes créations, les futurs mariés pour des vêtement assortis, etc, c’est une clientèle très ciblée. J’ai réussi à avoir un revenu plus ou moins correct, je peux enfin laisser ma mère tranquille et être fier d’avoir gagné en indépendance en me lançant dans une activité que j’ai appris sur le tas, même si on je ne sais souvent pas de quoi sera fait demain. Mon activité marche plutôt pas mal, j’ai beaucoup de commandes et ça commence à dépasser ma capacité. Mais ma famille considère ça comme une distraction, ma mère, même si elle me soutient, elle considère que je suis en chômage caché.

Un jour, j’étais mon atelier, il y a presque un an, j’étais en train de coudre quand ma mère est entrée dans l’atelier, elle revenait de chez mes oncles. Elle me raconte ce qu’elle a entendu à propos de moi, de mes choix. Mes oncles reprochaient à ma mère d’avoir dépensé son argent pour rien en m’envoyant à l’université, pour des études de droit, 5 ans d’études pour finir couturière alors qu’il m’aurait fallu une petite formation de quelques jour ou semaine pour faire ce que je fais maintenant. Cela m’a rendue très triste, désavouée et révoltée. Mais pas du tout découragée. Ce n’est pas de leur faute, nous avons grandi dans une société où les gens pensent que nous devons être ce que nous avons étudié, mais ça, c’est ce n’est pas la vraie vie.

« Suivez votre cœur, votre passion, ne faites pas le choix de votre profession en fonction des autres ni pour la famille ». Miki

Il y a du chemin à faire pour la société, il faudrait arrêter de penser que si l’on n’a pas fait le droit, la médecine et l’économie, on n’est rien. On pense que ce sont les longues études qui font que les gens réussissent, mais ils oublient que la société. Pourtant les études que nous faisons c’est souvent nos partent qui choisissent pour nous plus ou moins directement. Suivez votre cœur, votre passion, ne pas décider de sa profession pour les autres, pour la famille ou pour la société. Sans le soutien moral de mes frères, j’aurais abandonné. Heureusement car ce n’est pas toute la famille qui l’a soutenu, ni tout l’entourage. J’affronte régulièrement l’humiliation et le dédain. « Tu finis en droit et tu deviens une petite couturière de rien du tout » me disent-ils. Je reste positive et je crois beaucoup en l’avenir de Goma. Goma rest une ville interculturelle, il y a aussi pas mal d’étrangers. Il y a une envie pour la population d’évoluer, de faire des choses nouvelles. Le Festival Amani donne à tout le monde l’opportunité de montrer ce qu’on fait et à tous de voir ce qui est offert


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